Peut-on faire confiance aux colombiens ?

Peut-on faire confiance aux colombiens ?

C’est bien évidemment une question à laquelle on ne peut pas répondre par oui ou par non. La société colombienne est composée de millions d’individus, de mentalités, régions, éducations et vécus différents.

Toutefois, il y a des éléments à tenir en compte avant d’offrir votre confiance aux colombiens et beaucoup d’histoires personnelles pour vous décourager de le faire. Soyez prudent à l’heure d’investir de l’argent. Cet article se focalise d’ailleurs principalement sur cet aspect, parce que les problèmes sont souvent liés à l’argent.

 

 

La loyauté au clan

 

Un élément très important, si ce n’est le plus important à ne jamais oublier, c’est le rapport des colombiens avec leur société. Ils ne sont ni individuels ni collectifs, mais répondent au clan. Ce clan est avant tout la famille et, dans une certaine mesure, peut s’étendre à d’autres personnes proches comme les voisins ou gens issus du même milieu économique. Pour autant toutefois que ces clans aient en commun une origine géographique ou de couche sociale. Certaines familles sont historiquement liées depuis des générations.

Ils ne sont pas individuels, ça se remarque à la manière de rarement tenir un engagement et assumer les erreurs. C’est toujours la faute de quelqu’un autre. Mieux vaut faire les choses en secret que de face.

Ils ne sont pas non-plus collectifs, faire quelque chose dans l’intérêt général ne rime à rien. Ils n’ont aucun problème à bloquer une voie principale au lieu de se garer 20 mètres plus loin. Mettre la musique forte à n’importe quelle heure. Comme la société est corrompue, il ne faut pas s’attendre à recevoir quelque chose en retour, c’est inutile donc d’y contribuer.

Sans oublier l’adage populaire : el vivo vive del bobo, le malin vit de l’idiot. Une espèce de glorification du profiteur. Se défiler, ne pas rendre de compte, arnaquer n’est pas mal, sauf envers ceux du clan, bien entendu. Faire passer ses intérêts au dépit des autres est une démonstration d’habilité, de force. À cela, on peut rajouter l’expression la malicia indígena que les colombiens utilisent pour justifier leur tricheries. Comme si la tromperie était un héritage, une arme à utiliser contre l’envahisseur.

 

Pour un entrepreneur étranger

 

Un étranger doit être extrêmement prudent avec son argent. Il ne faut en aucun cas choisir un associé à la légère.

 

  • Ne vous associez pas avec quelqu’un qui n’a pas d’argent à mettre sur la table

Logique, non ? Et pourtant, j’en connais des étrangers qui ont ouvert un bar ou restaurant avec un colombien qui, lui, apportait ses relations. Avec la promesse de remplir le bar dès l’ouverture, alors qu’il ne payait rien de sa poche pour la rénovation ou salaires des employés. Il gagne en cas de succès mais ne perd rien en cas d’échec.

 

  • Ayez des critères tangibles, mesurables

Toujours selon le cas de l’associé qui amène ses relations, définissez un quota clair de son engagement. Par exemple, un nombre minimum de clients par mois venant de sa part, avec seuil minimum de dépenses. Si le barème n’est pas atteint, il y a une pénalité. Établissez également un nombre d’heures de présence ou de volume de matériel publicitaire. Ce conseil vaut pour n’importe quelle entreprise. Définissez par écrit la gestion exacte des fonds et des obligations de chacun.

 

  • Définissez des pénalités

En cas d’échec, de désaccord ou tromperie, il faut pouvoir procéder à une dissolution équitable. Si l’association du bar est de 50-50, l’associé peut légalement recevoir la moitié du commerce alors qu’il n’a rien investi. Il ne se gênera pas de le faire, arguant de son travail sur le terrain. Définissez toujours par avance les pénalités en cas d’inaccomplissements.

 

Un mauvais associé peut vous coûter cher. Évaluez bien la nécessité. Si vous voulez remplir votre bar dès l’ouverture, passez quelques mois à sortir, rencontrer du monde, faire la fête, aller à des soirées, faire partie de groupes. Parlez à tout le monde de votre projet et annoncez peu à peu la date d’ouverture. Ça coûte de l’argent de sortir, bien sûr, mais jamais autant que donner 50% chaque mois à un associé qui ne fait rien.

Si vous n’êtes pas très sociable, prévoyez plutôt d’engager un professionnel de la communication, un influenceur. Il vous remplira le bar pour la soirée d’inauguration et ne vous coûtera qu’une seule fois.

Lire aussi : Conseils pour monter un business en Colombie

 

Victime du clan

 

J’ai moi-même été victime d’un abus de confiance de la part de deux colombiens. Je raconte en détail ma mésaventure dans cet article : Mon pire investissement.

J’ai investis dans une marque d’équipements industriels antichute. Je connaissais les deux associés depuis plusieurs années et ai pu observer l’expansion de leur entreprise. L’un des deux était même devenu un ami proche, j’ai connu sa famille et il a connu la mienne. Nous avions beaucoup d’amis en communs également.

Dusanco Meteora

Rapidement les choses ont commencé à mal tourner, principalement dû à une mauvaise gestion et des dépenses inappropriées de l’autre associée. Au lieu d’entrer en conflit avec elle, il a préféré trouver une solution pour s’en sortir les deux, à mon détriment. Il a donc créé une société parallèle pour facturer les clients et empocher les bénéfices, tout en me disant que la marque était en perte. Depuis, nous ne nous parlons que par l’intermédiaire d’avocats.

Il a choisi la personne de son clan au lieu de moi, qui ne lui avais pourtant causé aucun tort.

 

La solidarité

 

Un étranger aura tout intérêt à former son clan également. Par exemple, pour obtenir un contrat de bail auprès d’une agence immobilière, il faut un ou deux garants. Même si c’est évident pour vous qu’en cas de problème vous vous en irez avant d’être incapable de payer, un colombien ne prendra pas le risque de cosigner.

« Mieux vaut perdre une amitié que de se porter garant. L’amitié se perdra de toute façon, car tôt ou tard il faudra payer à sa place ».

 

Les gens biens sont majoritaires

 

Je n’ai pas que des exemples négatifs, les colombiens sérieux, de confiance sont nombreux aussi. Ma femme de ménage qui n’a jamais volé le moindre peso ou essayer de cacher un dégât, depuis plus de 6 ans. Mon comptable qui me fait payer ses honoraires au coup par coup, même plusieurs mois après le premier travail. Le patron d’agence de voyage qui me paye des mois en retard à cause d’un manque de liquidité, mais qui paye quand même. Et tous les gens qui me donnent des conseils désintéressés, juste pour rendre service.

 

Il y a de tout en Colombie, vous rencontrerez des gens biens et des arnaqueurs. Seulement, ne comptez pas sur la chance ni même sur votre instinct, mais plutôt sur un bon conseiller.

Pour finir, il y aurait un autre adage à citer ici : « Si tu ne veux plus jamais revoir quelqu’un, prête-lui de l’argent »

 

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