Est-ce encore intéressant d’investir en Colombie ?

Est-ce encore intéressant d’investir en Colombie ?

 

Est-ce encore intéressant d’investir en Colombie en 2019?

 

La Colombie passe par une époque riche et perturbante à la fois. Les nouvelles sont autant positives que négatives.

Visiter le pays n’est plus une expérience d’aventuriers ou de privilégiés invités par des amis colombiens. Investir dans le pays n’est plus une expérience de pionniers.

Dans ce contexte, vaut-il encore la peine d’investir en Colombie en 2019 ? Vaut-il la peine de monter un commerce, dédier du temps et de l’argent ?

Le contexte

 

Parlons d’abord de la situation actuelle. La Colombie était empêtrée depuis des décennies dans de grands problèmes de violence, trafic de drogue, guérillas, paramilitaires, inégalités sociales, pour ne citer que les problèmes majeurs. Depuis une décennie, le pays a fait un grand pas en avant et ses qualités ressurgissent et sont valorisées. Les qualités de son peuple, de la diversité, les arts, la créativité, le dur labeur ont façonné un pays merveilleux.

Le monde entier a décidé d’accueillir la Colombie. Les acteurs économiques principaux comptent avec elle. Les étrangers viennent s’y établir, achètent des propriétés, créent des entreprises.

Maintenant, on assiste à ce qui ressemble à un grand écart. Un pied dans le futur, un autre dans le passé. Dans la mondialisation d’un côté, dans l’anonymat dans affaires sales d’un autre. Un pied dans les lois et régulations internationales, un autre dans la corruption extrême. S’acheter une bonne conscience sur la scène internationale d’un côté, tout en obstruant la justice d’un autre.

 

Depuis, la croissance économique a freiné. Le miracle économique ne s’est finalement pas produit et la concurrence s’est accrue. Certains secteurs, certaines zones, sont saturés. La monnaie, le peso COP, est vulnérable. Les lois changent et favorisent les grandes entreprises nationales. Les taxes augmentent pour compenser les rabais octroyés aux entreprises minières, de construction et chaînes hôtelières.

Pourquoi investir en Colombie dans un tel contexte ?

Edit Abril 2022. La pandémie de 2021 a créé une rupture. Elle a entraîné la faillite de nombreux commerces, une augmentation des prix et de la petite délinquance. L’action du gouvernement a été déficiente et beaucoup d’expatriés ont quitté le pays. À ce sujet, j’ai redigé un article comme quoi la Colombie ne séduit plus. Cependant, à mon avis, l’attrait du pays est intact.

 

Pas n’importe où et pas n’importe comment

 

Cela vaut toujours la peine d’investir en Colombie mais la prudence est de mise. Avant toute chose, il faut questionner ses motivations. La pire erreur à faire est de se lancer au hasard, sans conviction, attiré par ce qui semble fonctionner.

La « période de grâce » est arrivée à sa fin. Les prix ont augmenté et la concurrence aussi, mais surtout les contraintes. C’est devenu difficile d’apprendre sur le tas, car les coûts obligent à engranger des revenus rapidement.

 

Est-ce encore intéressant de faire des affaires en Colombie?

 

Je passerai en revue quelques secteurs principaux et la réponse sera toujours Oui et Non. Il faut tenir compte de l’emplacement et du montant pour avoir une réponse précise. Plus encore, c’est à chacun d’évaluer ses capacités, ses talents et ses motivations.

Beaucoup de gens aiment l’idée de gagner de l’argent sans réaliser qu’ils n’aiment pas les aspects liés au fonctionnement de tel ou tel commerce.

 

L’immobilier

 

Investir dans la pierre est toujours un bon investissement. C’est ce qu’on dit, ce qu’on entend, mais en fait non, ce n’est pas toujours le cas.

 

Les villes principales sont devenues chères. Dans certains quartiers, les prix sont aussi élevés qu’en France ou aux États-Unis. À l’heure actuelle, Il faut être très prudent avec les quartiers ou villages touristiques. Le prix au mètre carré est surévalué par rapport à la qualité de la construction et des matériaux. Mettre le logement en location offrira un retour sur investissement (ROI) assez bas, car les loyers n’ont pas augmenté proportionnellement. Gardez à l’esprit que les familles colombiennes aisées ne cherchent pas ce genre de biens. Le problème, ensuite, sera les coûts d’entretien pour les anciennes maisons, surtout celles au style colonial.

Beaucoup d’endroits valent la peine, avec des prix abordables. Pour ça, il faut se mettre en recherche. Repérez le quartier qui évolue, le coin qui attirera du monde prochainement.

C’est important aussi d’avoir une vision claire, à long terme, sur l’utilisation du capital. À moins d’être particulièrement aisé, acheter un bien immobilier en Colombie signifie dépenser toutes ses économies. Est-ce judicieux ? Cela veut dire de renoncer à toute autre opportunité d’investissement ailleurs. Ce n’est pas négatif, il faut juste en être sûr. Revendre un bien prend beaucoup de temps.

 

Hôtels et Airbnb

 

En disant précédemment que la « période de grâce » est terminée, cela s’applique plus que tout ici. Il y eut une époque où les lois étaient souples, voire floues. Les contrôles étaient aléatoires, peu fréquents. Mais surtout, les exigences n’étaient pas élevées.

Maintenant, les contraintes administratives obligent à savoir faire fonctionner un hôtel dès le départ. De nombreux hôteliers se sont lancés sans expérience et ont appris sur le tas. Ce n’est aujourd’hui plus possible, du moins en ville. Le temps d’apprentissage dépend en fait des économies encore disponibles. Les impôts, les frais de personnels, les certificats de conformité, de recyclage, toutes ces contraintes obligent à être efficace très rapidement.

Cette règle s’applique aussi aux autres logements, publiés sur Airbnb par exemple. Une chambre, un appartement, doit maintenant répondre aux mêmes exigences qu’un hôtel. La rentabilité diminue de ce fait, alors que les prix vont à la baisse à cause de la concurrence.

 

Est-ce donc encore intéressant ? En ville, plus tellement, à moins bien sûr de savoir ce qu’on fait. Un bon hôtel, un bon logement, trouvera toujours son public. Et ça sera au détriment de ceux qui sont moins bons, même s’ils sont présents depuis plus longtemps.

À côté de ça, la Colombie regorge de lieux encore « vierges ». Il y a de la place ailleurs, loin des villes, loin des sites touristiques. Là-bas, les règles ne sont pas arrivées, la police touristique n’existe pas, personne pour taper à la porte et demander une batterie de papiers. Idéal pour apprendre sur le tas.

 

Je faisais la remarque que beaucoup de gens aimaient l’idée de gagner de l’argent sans aimer les aspects liés au commerce. Cela se retrouve particulièrement ici. Louer une chambre est séduisant, et a priori facile, mais faut-il encore avoir le sens de l’accueil, vouloir réparer la casse, organiser le nettoyage, s’accommoder des horaires irréguliers des voyageurs,…

 

Agence de voyage

 

Encore un secteur qui attire les étrangers. Le bonheur de faire connaître le beau pays qui nous accueille. La joie de créer des circuits « off the beaten track ». Mais là encore, le manque de professionnalisme est maintenant durement sanctionné.

Les agences abondent. Il y en a pour tous les goûts, tous les budgets. Fini le temps où les agences francophones se comptaient sur les doigts de la main. Il faut être professionnel, mais surtout, il faut avoir des canaux de vente.

Le principal problème qu’on remarque c’est que les agences se focalisent sur la création de circuits, mais n’ont en fait aucune idée à qui les proposer. Avant, c’était relativement facile d’être trouvé et contacté, mais maintenant il faut être pro-actif. Les agences qui raflent tout sont celles qui réussissent à s’allier avec de grandes agences Européennes.

 

Bars et restaurants

 

Sur ce point, aucun changement. En fait, depuis toujours, les étrangers s’y cassent les dents. C’est tout à fait possible de réussir, mais au prix de grandes concessions.

Pour résumer, c’est le test ultime d’intégration. Pour avoir un restaurant ou un bar à succès, il faut parfaitement connaitre les habitudes et mentalités colombiennes. On voit de plus en plus de styles nouveaux, d’offres originales qui séduisent un large public. Il y a de la place, c’est possible. Mais le restaurateur doit trouver la formule, en aucun cas chercher à éduquer le public.

Lire : Comment ouvrir un restaurant en Colombie

 

Import-Export

 

L’importation est difficile. Ceux qui y arrivent proposent des produits de grande, ou relativement grande, consommation. Par exemple, des matériaux de construction, pièces mécaniques, outils. On trouve aussi des produits alimentaires comme des surgelés.

Pour le reste, c’est compliqué. Le vin, les fromages, la charcuterie, le chocolat ne trouvent pas de débouchés. Encore moins depuis 2014, quand le peso a perdu près de 40% de sa valeur. Les prix sont simplement devenu trop cher.

 

L’exportation en revanche est très prometteur. L’artisanat, la mode, le café, l’agriculture, les arts, autant de secteurs qui ne demandent que ça. Attention toutefois de trouver un produit avec une réelle valeur ajoutée, sous risque sinon de perdre sa marge en frais de transport et taxes.

 

Industrie et commerce

 

Le marché intérieur Colombien est très attractif. C’est un marché solide qui passe au travers des crises. Même si les prix augmentent, les gens continuent d’acheter. Si les produits importés deviennent excessifs, ils se rabattent sur les produits nationaux. Les Colombiens économisent peu et profitent de consommer tant qu’ils peuvent.

Cependant, pour savoir quel produits fabriquer ou commercialiser, il faut bien connaitre le pays. Ou du moins, une région.

De nombreuses entreprises ont été fondées par des étrangers, à l’instar d’Evacol, fleuron de l’industrie de la chaussure plastique. Mais n’est pas industriel qui veut.

Pour ça, mieux vaut tester le marché. Vendre à petite échelle avant de se mettre à produire de grandes séries.

 

Le problème de la monnaie

 

Une importante question à se poser également est sur la monnaie. Toutes les monnaies fluctuent, leur stabilité repose sur les piliers de l’économie de leur pays et les échanges internationaux.

Inutile donc d’expliquer qu’il est plus prudent d’avoir ses économies en Euros, Francs ou Dollars qu’en Pesos. Autant le marché intérieur est solide, autant les exportations sont volatiles. Il faut alors avoir confiance et accepter une prise de risque. Le peso peut se consolider, comme s’affaisser.

 

Lire aussi : Que va devenir le peso Colombien?

 

Conclusion

 

Le mystère qui règne autour de la Colombie crée de fausses idées. On découvre un pays qui a tout pour lui, surtout au niveau touristique, avec un marché balbutiant. Beaucoup de gens arrivent en s’imaginant capter le nombre grandissant de touristes, ou la classe moyenne-haute. Chacun espère donc ramasser sa part du gâteau.

Sauf que la plupart arrivent sans préparation, sans spécialisation. Ils arrivent en pensant à ce qu’ils vont prendre, pas ce qu’ils vont offrir.

 

6 Replies to “Est-ce encore intéressant d’investir en Colombie ?”

  1. Bonjour Sebastien et merci pour vous articles. Nous souhaiterions acheter un terrain a Isla fuerte (pour construire une maison, donc pas un projet pro). Auriez vous des contacts a nous recommander pour la partie administrative? Merci d avance

    1. Bonjour Audrey
      je n’ai pas de contact dans cette région, mais je peux m’en occuper à distance depuis Cali avec mon avocate.
      Si vous désirez m’en parler, contactez-moi au +57 3184900442

  2. Pour revenir à l’investissement immobilier.

    Les erreurs commises sont souvent dues à la méconnaissance de la Colombie et du système colombien dans sa globalité.

    Face à cette méconnaissance, il est très utile de s’orienter vers des professionnels du secteur. Meme si je concède qu’il est très difficile de trouver des professionnels honnêtes, fiables et humbles à des tarifs raisonnables en Colombie.

    La découverte de la Colombie est un process long, les premières impressions sont erronés face à la réalité couteuse et complexe de longue durée de la Colombie aussi bien à Bogota, Medellin, Barranquilla que Cali.

    Sans oublier la complexité de gérer des biens en Colombie sans connaissance fiable qui rogne sur la rentabilité du bien. Une agence immobilière pour la gestion de votre parc immobilier prends en moyenne 20-25% sur la location selon mes expériences sur le territoire Colombien.

    Il est bien souvent plus facile d’investir en France et à des taux de rentabilité en fin de compte très similaire.

    La Colombie se transforme en opportunité si et seulement si vous identifier un bien à un tarif compétitif, bien situé et avez une connaissance qui puisse gérer les entrées et sorties.sinon c’est bien souvent un investissement qui se transforme en perte sèche.

  3. Puis je ajouter que dans le cas des restaurants nous sommes aujourd´hui dans l´obligation de nous certifier aux normes NTS-004 (turismo sostenible), SGSTT (seguridad al trabajo),NTS USNA-007(BPM), ces certifications sont au niveau nationale, couteuses et très laborieuses.

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