10 ans de résidence en Colombie

10 ans de résidence en Colombie

10 ans de résidence en Colombie

Cette année 2022 a marqué 10 ans de vie en Colombie. Je connais la Colombie depuis 2003, et après de nombreuses visites, je m’y suis établi en mars 2012.

Voilà l’occasion de partager quelques anecdotes et relever toutes ces choses qui font partie de mon quotidien. Je parle de tous ces aspects qui sont devenus normaux pour moi, que je n’aurais jamais imaginé en vivant encore en Suisse.

Chaos

 

La Colombie est un joli chaos, mais de celui qui fait avancer. Le changement et l’adaptation font partie de la vie courante. J’ai appris à anticiper mais en lâchant le contrôle. Les rendez-vous ne sont jamais garantis. Les plans changent à la dernière minute. J’apprends à être “connecté” avec l’énergie ambiante pour passer du bon temps au lieu de m’attarder sur les aléas. L’humeur prime sur les obligations. J’ai pris conscience de la vie et du temps qui passe. J’ai des projets, mais plus des objectifs, et je profite de ce que j’ai, sans dépendre de ce que je souhaiterais avoir de plus.

Cette habitude de vouloir remplir des obligations est encore bien tenace pourtant.

Lire : Les points positifs et les points négatifs de la Colombie

 

Sécurité

 

Je suis à l’écoute de mon intuition et mon instinct. Je marche beaucoup, même en ville, mais je suis toujours attentif à mes alentours. Il y a une certaine beauté à juste observer l’activité quotidienne au lieu d’être plongé sur le téléphone, par exemple.

Pourtant, j’ai quand même fait face à une tentative de vol dans la rue et même une tentative d’enlèvement. Dans les deux cas, je m’en suis sorti sain et sauf. Finalement, je m’en sors bien, tout court. Seulement 2 événements dangereux en 10 ans est bien peu par rapport à la plupart des gens que je connais, Colombiens compris.

En sortant faire la fête, on ne laisse personne seul. On arrive ensemble, on repart ensemble. Si un ami s’en va en taxi, on le commande par une application ou on note le numéro de plaque.

En général, je passe beaucoup de temps pour emmener ou chercher ma femme, simplement pour ne pas la laisser seule. Ou alors je lui commande un taxi de confiance. Cela fait que l’organisation de nos tâches n’est pas toujours efficace.

Lire : la sécurité en Colombie

 

Téléphone

 

Dans mon téléphone, j’ai les numéros de 3 avocats, un comptable, une dizaine d’agents immobilier, 2 serruriers, 3 architectes, un livreur de machine à laver, un vigile, un agent du Gaula, 5 conducteurs de taxis de confiance, 2 conseillers bancaires, un gérant de bureau de notaires, 2 conseillers de la chambre de commerce, un fabricant de cigares, un taita, 4 journalistes, un fixeur, 2 professeurs de salsa.

 

Argent

 

Je m’arrange pour ne jamais être à court de monnaie dans ma voiture, pour payer le vigile de place de parc, le laveur de pare-brise, l’artiste aux feux.

Je jongle entre des comptes en Euros, Dollars et Pesos. J’observe régulièrement le taux de change pour faire des retraits. Environ 70% de mes revenus sont en Pesos COP et le reste en Euros. Voyager en Europe est devenu un luxe qui m’empêche de découvrir le monde. Je dois faire des choix, qui se résument souvent à visiter ma famille en Suisse et me balader en Colombie. C’est tout.

Je comprends le quotidien de la majorité des Colombiens qui vivent d’un salaire à l’autre sans jamais avoir d’argent de côté. J’en vois beaucoup qui dépensent leur argent quand ils en ont pour profiter de la vie justement. Pour ne pas entrer dans cette même dynamique de “cigale”, je note toutes mes dépenses pour ne pas me retrouver à court en cas de coup dur.

Lire : Gagner de l’argent en Colombie

 

Travail

 

J’ai toujours été salarié en Suisse et depuis, toujours indépendant en Colombie. J’ai appris à m’adapter. J’ai eu des missions d’accompagnateur touristique pour des groupes francophones. J’ai fait des traductions en ligne. Je suis devenu professeur en ligne aussi. J’ai lancé un agenda culturel sur internet qui n’a jamais vraiment décollé mais m’a permis de rencontrer des gens exceptionnels et interviewé des artistes colombiens reconnus, comme Bomba Estéreo, Monsieur Périné, Santiago Cruz. J’ai abandonné avec la pandémie. J’ai accompagné des Européens pour des opérations laser des yeux.  J’ai investi dans une entreprise colombienne de sécurité industrielle, qui s’est révélé être ma pire erreur et a dû se régler devant un juge. Je suis devenu agent immobilier.

Tous ces changements laisseraient l’image d’une personne instable en Suisse. Ici c’est plutôt valorisé, cela démontre une capacité d’adaptation et des ressources.

Je me permets aussi de refuser du travail, parce que mon temps et mon équilibre sont plus importants.

 

Tourisme

 

Je connais relativement bien le pays, mais j’ai encore un grand nombre de lieux et départements à découvrir. Je suis heureux d’emmener des amis et ma famille dans des lieux d’une beauté exceptionnelle, difficiles d’accès, dans une nature vierge avec quasiment aucun touriste à la ronde.

Même après 10 ans, on me demande parfois comment je trouve la Colombie, simplement parce que je n’ai pas l’accent local. Je fais souvent face à l’incompréhension qu’un Suisse ait voulu quitter son pays qui en fait rêver plus d’un. Mais quand je parle de la chaleur humaine ici, les Colombiens approuvent.

Lire : Être étranger en Colombie

 

Langues

 

Passer d’une langue à une autre est devenu une seconde nature. J’en avais déjà l’habitude en Suisse, où je parlais français, anglais et allemand au travail. À cela, s’est ajouté l’espagnol comme langue principale. Avec les cours en ligne comme professeur, je me vois régulièrement parler les 4 langues dans la même journée.

Avec mes amis francophones, nous nous retrouvons à parler un français hybride, ponctué de mots espagnols parce qu’ils correspondent mieux à la situation.

 

Conduire

 

C’est une plaisanterie, mais quand je dis que je connais la route, en fait je veux dire que je connais tous les nid-de-poules pour aller d’un point A à un point B sans abîmer ma voiture.

Je ne roule presque jamais sur la voie de droite car il y a des vélos, des charrettes, des voitures mal garées. je double par la droite sans remords. Je m’énerve encore parfois à cause des motos qui surgissent de tous les côtés.

Rouler sur des routes et chemins en terre est devenu totalement normal. Dès qu’on sort de la ville et des axes interurbains, c’est fréquent.

Lire : La conduite en Colombie

 

Croyances

 

La Colombie est très religieuse, mais les croyances se mélangent. Dieu, les esprits, les gardiens de territoires, les sorcières (brujas), le mauvais œil, la malédiction sont très présents, jusque dans le langage (si Dios quiere, gracias a Dios, bendiciones,...). Les Colombiens croient volontiers aux manifestations surnaturelles. L’héritage indigène y est pour beaucoup.

J’ai laissé de côté le rationalisme européen pour chercher à comprendre cette “connexion”. Depuis quelques années, je participe régulièrement à des cérémonies de yagé (ayahuasca) pour m’ouvrir à cette spiritualité et apprendre cette manière de vivre indigène.

 

Culture

 

Il y a un joyeux mélange culturel. À la maison, passent des chansons françaises et espagnoles, de la salsa, de la musique du Pacifique et de la musique andine. J’en ai même appris à la guitare. Mais j’attends d’être seul pour mettre du hard rock et métal. On regarde des films doublés en espagnol, mais là aussi j’attends d’être seul pour voir des films et séries françaises. Je danse la Salsa et la Bachata avec ma femme. J’écoute du Bolero et Trios avec mon beau-père. Je joue volontiers au Tejo.

 

Doutes

 

On se demande fréquemment où on aimerait vivre, avec ma femme colombienne. La Colombie sera toujours la base, vraisemblablement. Elle aimerait vivre quelques années en Espagne. J’aimerais revenir quelque temps en Suisse. On imagine aussi aller dans un endroit différent, comme le Portugal.

Quand un événement préoccupant se passe, on se demande comment on fera à l’arrivée d’un enfant.

 

Conclusion

 

J’aime ma vie à Cali. Je me sens vivant comme je ne l’avais jamais été en Suisse. Je ne veux surtout pas dire que la vie est meilleure ici. C’est juste que, moi, j’en ai eu besoin. Je n’ai aucune certitude quant à la suite, mais où que j’aille ou que je sois, m’établir en Colombie a été la meilleure décision que j’aie prise.

4 Replies to “10 ans de résidence en Colombie”

  1. bonjour Sébastien, c’est un réel plaisir de te lire, moi je suis originaire d’ocona, norte santander mais je vis en france (adoptée) depuis je souhaite retourner en Colombie, ma soeur colombienne m’a parlé de l’huile de palme, que penses tu de sa rentabilité? que penses-tu d’un RBN à santa marta? est ce rentable pour y vivre et louer? budget moins 100 000 euros. ps: pourrais tu me mettre en contact avec clara qui s’est apparemment installée à santa marta? merci de ton retour Sébastien. excuse moi pour le tutoiement!

    1. Salut genestre, je repassais par ce blog et je viens de te lire… et bien plus de 7 mois que je suis installée à Santa Marta. J’ai obtenu un visa (visitante) digital nomad en novembre dernier. Il y aurait tellement de choses à dire sur tout ce qui s’est passé… difficile de résumer. Je rejoins totalement Sébastien sur le fait que les objectifs sont plus à voir comme des projets… la vie est en perpétuel mouvement. J’avais différents plans a,b,c … en tête et puis ce visa de digital nomad m’a donné la possibilité d’envisager l’avenir de différentes manières. Dans peu de temps je déménage sur Santa rosa de cabal où j’ai la famille d’une amie colombienne qui pourront me soutenir dans la vie de tout les jours et un climat plus vivable… et le prix de l’électricité (estrato peut jouer beaucoup sur la facture) sur Santa Marta. Et aussi une mentalité spéciale sur la côte, chose que je préférerais pas voir dans sa totalité avant avec tout l’attachement que j’ai pour cette zone de la Colombie. En étant seule et eu quelques déceptions je préfère déménager là où cela me convient mieux…toujours et aussi longtemps que je le pourrais en Colombie… comme je l’écrivais tellement de choses à dire…tu peux me retrouver sur fb clarita loquita

  2. C’est un plaisir de vous lire réellement. Je pars en août m’établir du côté de Santa Marta. Je suis tombée amoureuse de la Colombie il y a presque 10 ans… En fin je vais réaliser mon désir de vivre en Colombie. Votre récent article me touche particulièrement. Je consulte votre site très souvent, qui m’est très utile. Un Grand merci.

  3. Bonjour,
    Je trouve votre page et ses commentaires très bien et utiles. Je vais souvent à Cali et y retourne en mars. Si vous me le permettez, je vous contacterai car j’aimerai échanger avec vous sur la vie en Colombie où j’aimerais, moi aussi, résider. C’est peut-être un peu plus compliqué que vous car je suis “retraité” (quel horrible mot…), même si je travaille encore pas mal (je suis journaliste-écrivain). Merci à vous et encore bravo.

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