Fermeture annuelle du Parc Tayrona

Fermeture annuelle du Parc Tayrona

Pourquoi le parc Tayrona ferme-t-il 58 jours par an ?

 

Réputé comme un des plus beaux parcs d’Amérique Latine, Tayrona est surtout d’une importance capitale pour les peuples indigènes de la Sierra Nevada.

Les peuples Aruhacos, Koguis, Wiwas et Kankuamos y tiennent des rituels sacrés ancestraux. C’est pour eux le centre du monde et la relation qu’ils y entretiennent leur permette de « prendre le pouls » de la planète. Dès les années 1980 déjà, ils ont averti « les petits frères » que nous sommes, de l’importance d’en prendre soin, car la planète est malade.

Sans surprise, le message n’est pas écouté. L’extraction des ressources naturelles continue, les rivières sont détournées, les forêts abattues.

Ces peuples indigènes, descendants directs du peuple Tairona décimés par les colons, luttent pour la défense de Sé Nenulang, la terre-mère. Ils la considèrent comme un être vivant, avec les sommets enneigés comme sa tête, les lagunes comme son cœur, les rivières comme ses veines. La terre est la couche de muscles qui la protège et la végétation est la pilosité qui régule sa température.

Laisser respirer le parc

 

En 2015, le gouvernement colombien s’est mis d’accord avec les peuples indigènes du parc pour le « laisser respirer ». Cette mesure, qui a commencé par une fermeture d’un mois par an en 2015, 2017, 2018 et 2019, est passée maintenant à 3 fermetures en 2020. Les 4 peuples indigènes profitent de ces période pour travailler à la récupération physique et spirituelle des zones affectées et déséquilibrées par l’exploitation de ressources.

Parmi les autres mesures de protection, les sacs plastiques, les pailles et le polystyrène expansé (Sagex, Icopor) ont été interdits. Les restaurants ont également été fermés.

 

Pendant ces périodes, les animaux peuvent retourner dans leur habitas qu’ils doivent malheureusement quitter le reste du temps à cause de la présence humaine et la flore amoindrie. Par caméras, plusieurs espèces ont été observées jusque sur la côte ; cervidés (venados), rongeurs (ñeques), pacas (guartinajas), pécaris (zainos), tortues (morrocoyos), singes (monos), tatous (armadillos). Mais aussi des jaguars, pumas, chat-tigres (tigrillos) et renards (zorros).

 

Les dates de fermeture en 2022

 

3 périodes pour un total de 58 jours.

– 1 au 29 Février 2022. Période du Kugkui Shikasa.

– 1 au 15 Juin 2022. Période du Saka Juso.

– 19 Octobre au 02 Novembre 2022. Période du Nabbatashi.

 

 

Que se passe-t-il quand le parque est fermé ?

 

Le parc ferme donc pendant 3 périodes majeures, qui ont été fixées conjointement.

 

– Kugkui Shikasa

Période de fin-Janvier à début-Mars (le parc ferme du 1 au 29 Février 2022). C’est la période la plus sèche de l’année, les ressources hydrauliques sont au plus bas. Entre fin-Janvier et mi-Février, tous les êtres de la nature se confessent, se nettoient, se purifient. Les 4 peuples indigènes restent en hauteur et laissent le soleil régénérer les plages. Ils ne descendent qu’à la nuit tombée pour faire des offrandes en honneur au soleil, au feu, aux pierres et à la biodiversité en général. Pendant ce laps de temps, ils atteignent un état de pureté, appelé Duna.

Ensuite, pendant 9 jours, c’est le travail de semailles dans les champs. Cela consiste au brûlage, à la préparation de la terre et la sélection des graines. Le tout implique chants, danses et prières.

C’est aussi la période de soin de la partie basse du parc, sur la côte. Les indigènes soignent les plantes, les mangroves et les neuf niveaux de mer. L’attention et la reconnaissance sont données aux animaux marins et côtiers, comme les crabes, singes, oiseaux, insectes, serpents.

 

– Saka Juso

Période de mi-Juin à Juillet (le parc ferme du 1 au 15 Juin 2022). Récolte puis repos et guérison. En fait, le parc ferme juste avant le Saka Juso, pour permettre les récoltes ainsi que les travaux de nettoyage et offrande à la partie basse, celle de la côte. Ensuite, dès mi-Juin, les indigènes doivent rester tranquilles, ne pas sortir, et aider spirituellement le Père- et Mère-Nature. Les activités humaines ne doivent pas interférer avec celles de la nature.

 

Nabbatashi

Période d’Octobre à mi-Novembre (le parc ferme du 19 Octobre au 2 Novembre 2022). Nettoyage de la négativité et travaux mortuaires. C’est une période de calme, de silence et de réflexion au milieu de la saison de pluie et du tonnerre. Les animaux se déchargent naturellement de la négativité et les êtres humains doivent leur offrir un espace propice. Donc, pas de conflit, pas de tristesse, pas de plainte, les indigènes se déchargent eux-mêmes de toute négativité et profitent pour bénir les graines et nettoyer les chemins après la mort.

 

Ensuite, le cycle recommence avec le Kugkui Shikasa.

Source : Département des Parques Nationaux de Colombie

Kogui
Tiré de El Heraldo

 

La science des indigènes Koguis

 

Pour en savoir un peu plus sur le lien sacré des indigènes Koguis avec la nature.

Les Koguis sont entrés volontairement en contact avec une équipe de la BBC en 1990. Le but était d’attirer l’attention du monde sur l’état de santé préoccupant de notre planète. Ce reportage est disponible ici (en anglais) https://www.youtube.com/watch?v=hRgTtrQOiR0

 

 

Par la suite, ils se sont bien rendu compte que le message n’avait pas été écouté. Ils ont décidé en 2012 de réitérer leur message mais cette fois en démontrant leur savoir. Ils ont repris contact avec l’équipe de la BBC, ont voyagé à Londres et ont démontré l’interconnexion entre tous les éléments terrestres. Cette démonstration fait l’objet du documentaire Aluna.

 

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