Doniphane: Expat et entrepreneur à Barranquilla

Doniphane: Expat et entrepreneur à Barranquilla

La communauté francophone en Colombie compte de nombreux blogueurs qui font part de leurs expériences du pays. Mais si la plupart parlent de voyages et vacances, il y en a peu qui partagent leurs expériences d’entrepreneurs. Doniphane, français établit à Barranquilla, tient l’excellent blog colombianito.fr où il traite de sujets comme monter une entreprise, la mentalité colombienne à l’heure de faire du business, techniques de ventes, erreurs à éviter, obtenir un visa, ….

Comme invité de « Vivre En Colombie », il a aimablement répondu à 4 questions pour faire sa connaissance.

 

Qui es-tu et comment es-tu arrivé en Colombie ?

Je m’appelle Doniphane Meslier, j’ai 30 ans et j’habite Barranquilla sur la côte caraïbe colombienne depuis maintenant un peu plus de 6 ans. J’ai découvert la Colombie pour la première fois le 17 janvier 2010. Mon école de commerce m’ayant obligé, et je l’en remercie, à effectuer un séjour de 4 mois à l’étranger j’ai pu découvrir la Colombie au travers d’un échange universitaire au sein de l’Universidad del Norte de Barranquilla. C’est d’ailleurs l’une des principales raisons pour lesquelles j’avais décidé de choisir cette filière : voir du pays et me confronter à d’autres cultures.

Je me débrouillais déjà pas trop mal en anglais mais mon niveau d’espagnol était plus que médiocre… surtout si l’on considère le nombre d’années que mes professeurs de collège et de lycée ont passé à tenter de me l’inculquer. Cela n’a absolument pas entaché mon expérience et mon séjour d’études s’est révélé être très enrichissant. Les colombiens sont des gens très accueillants et ils le sont d’autant plus si vous faites l’effort de parler quelques mots d’espagnol avec eux.

J’ai donc sauté sur l’occasion pour découvrir l’Amérique Latine et perfectionner mon niveau en langues en partant étudier le plus loin possible. Je n’ai jamais compris mes camarades qui rêvaient d’Angleterre ou d’Espagne. Quitte à prendre une claque culturelle autant en prendre une bonne.

Quelques amis m’ont fait les blagues habituelles « on va coller ta photo sur la mairie de Poitiers et compter les jours de détention » (celle-ci est plutôt drôle, je l’avoue) mais mon échange s’est passé sans fausse note. C’est d’ailleurs une expérience que je recommande à tout étudiant et ce, quel que soit sa filière ou son niveau d’études. Si c’était à refaire je n’hésiterais pas une seconde.

Après mon séjour je suis repassé en France pour achever mon Master, travailler quelques mois en apprentissage dans le secteur hôtelier puis signer un CDI au sein d’un grand groupe. J’ai passé le plus clair de mon temps à développer la clientèle hispanophone d’hôtels parisiens et poitevins pour ensuite décider de retourner tenter ma chance en Colombie.

Quelle est ton activité ?

J’ai arpenté les rues de Cartagena de Indias pendant des jours, fais du porte à porte, distribué mon CV à tort et à travers sans succès. Ici si vous n’avez pas de « palanca » (piston) c’est très compliqué de trouver un emploi.

Aujourd’hui je suis professeur au sein de l’université Simón Bolívar de Barranquilla et consultant en création d’entreprise et marketing digital pour l’incubateur Macondo Lab. J’accompagne des entrepreneurs colombiens dans leur démarches entrepreneuriales, les conseille et les guide pour qu’ils puissent mettre toutes les chances de leur côté au moment de développer leur business.

Il m’arrive aussi de donner des conférences sur ces mêmes thèmes dans d’autres universités ou d’autres villes. Ce sont des sujets qui me passionnent et c’est pourquoi j’ai aussi décidé de leur dédier un blog et un podcast quotidien.

J’ai monté plusieurs projets d’entreprises et de start-ups au cours des 5 dernières années et j’ai pu découvrir encore une autre facette du pays : sa culture commerciale qui est très éloignée de ce à quoi l’on peut avoir été confronté dans d’autres régions du monde. C’est à la fois enrichissant, éprouvant, valorisant et exténuant. Le fait d’être un entrepreneur expatrié me donne parfois la sensation d’appartenir à une élite de têtes brûlées, c’est grisant et effrayant à la fois. Je ne regrette jamais mon choix. J’ai traversé des périodes de doutes comme tout expat’ mais aujourd’hui je me sens vraiment « costeño-français ».

 

Quels conseils donnerais-tu as un futur expat-entrepreneur ?

L’entrepreneuriat est une aventure excitante, éprouvante, passionnante… et l’expatriation aussi. Lorsqu’on combine les deux il faut s’attendre à vivre de sacrées crises émotionnelles. Il y a de grandes chances pour que les premiers mois de votre expatriation-entrepreneuriale soit mouvementée et riche en sensations fortes.

A mon sens, il est primordial de connaitre le pays avant de venir s’y installer de manière définitive ou d’y développer un quelconque business. Un séjour touristique, quelques excursions hors des sentiers battus, une expérience de quelques semaines au sein d’un foyer colombien vous permettront d’appréhender bon nombre d’aspects culturels qu’il vous faudra prendre en compte avant d’investir dans votre projet.

La langue est un élément important. Je ne considère pas qu’il soit nécessaire d’être bilingue pour monter une entreprise ici en Colombie. Cependant vous devez avoir suffisamment d’autonomie pour comprendre les tenants et les aboutissants sans dépendre d’un tiers. Votre autonomie linguistique vous permettra d’avoir un meilleur contrôle sur les situations et les opportunités qui se présenteront à vous. Les colombiens utilisent leur propre variante de la langue espagnole. Je vous conseille fortement d’apprendre les expressions locales ainsi que quelques mots d’argot de chaque région. Cela vous permettra de vous attirer la sympathie de nombreux colombiens et leur montrera que vous aimez leur pays. L’identité culturelle colombienne est très marquée. Dans certaines régions telles que la côte caraïbe le monde des affaires se mêle grandement avec les sentiments. C’est du business affectif. Pensez-y !

Il est aussi très important de tester votre marché et de diminuer les risques avant d’engager tout investissement. Ne dépensez pas vos économies sur un coup de tête. Discutez avec des colombiens, des expatriés de longue date, sondez votre marché cible, pesez le pour et le contre puis lancez une première version de votre produit. Un prototype que vous tenterez de vendre à de premiers clients potentiels pour ensuite écouter leurs opinions et améliorer votre offre.

Formez-vous et nourrissez-vous des erreurs de ceux qui sont passés par là avant vous. Les blogs de Yoann (Colombie Conseil) et Sébastien (Vivre en Colombie) regorgent d’informations et d’anecdotes qui peuvent vous être très utiles pour ne pas tomber dans les mêmes pièges que nous ! Bien sûr vous pouvez aussi aller faire un tour sur le mien : Colombianito.

 

Quels sont tes projets ?

Pour le moment je me concentre sur deux activités.

Mon emploi en tant que consultant en création d’entreprise pour Macondo Lab et la Gobernación de la région Atlántico qui occupe la plus grande partie de mon temps. C’est pour moi un véritable plaisir de pouvoir accompagner des entrepreneurs dans la réalisation de leurs projets ou même de leurs rêves.

En parallèle je compte continuer mon podcast audio quotidien sur le thème du business et des chocs culturels en Colombie. Je souhaite voir cette activité de blogueur/podcasteur s’intensifier pour aider un maximum de francophones à développer leurs entreprises en Colombie. Je projette aussi d’écrire un troisième livre sur ce même thème et éventuellement de proposer de nouvelles formations en ligne.

A moyen terme j’envisage d’ouvrir une auberge ou un café mais il est encore trop tôt pour m’avancer sur ce sujet. Ce ne sont pas les idées qui manquent !

¡Hasta Pronto!

Doniphane M.

 

Allez visiter son blog, lui-même a invité un autre excellent blogueur, Yoann de Medellín. Ne manquez pas de visiter Colombie conseils, vous trouverez mon interview où je me prête au même exercice. De cette manière, vous connaitrez les blogs d’entrepreneurs de trois villes et donc trois mentalités différentes ; Barranquilla, Medellín et Cali.

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