Les côtés négatifs de la Colombie

J’ai déjà rédigé un article sur toutes les raisons de choisir la Colombie pour s’établir et vivre une expatriation. Mais j’annonçais aussi que tout n’était pas parfait, qu’il fallait s’attendre à vivre un choc culturel et qu’il y a l’envers du décor.

Histoire de contrebalancer mon article vantant les avantages du pays et aussi de nombreux autres articles de voyageurs, il me semble important d’avoir les deux sons de cloche. Je précise que je vis à Cali depuis 6 ans, m’y sens bien et ne projette pas de m’en aller. Cependant, je connais aussi plusieurs Européens qui ont quitté la Colombie après deux ou trois ans car ils n’y trouvaient plus leurs comptes.

Vous verrez que certains points répondent directement certains aspects que je citais parmi les raisons positives. Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir.

Voilà 10 points en défaveur de la Colombie.

 

La criminalité

C’est la plus grande préoccupation, autant pour les colombiens que les étrangers. Même si les assassinats, les enlèvements et les attentats ont fortement diminués, les vols avec agressions font partie du quotidien de toutes les villes. À peu près tout le monde proche de moi y a eu droit au moins une fois, à des degrés très variables, passant du simple vol par intimidation à la violence physique.

Il n’y a pas de règles de probabilité non plus. Je marche très régulièrement, seul ou accompagné, à différentes heures, et n’ai eu de soucis qu’une seule fois en 6 ans. Mais ça affecte ma vie d’une certaine mesure car je m’assure que ma compagne ne marche pas seule la nuit. Je vais donc l’accompagner, la chercher ou lui faire prendre un transport. Si j’ai un ordinateur ou une somme importante d’argent alors je prendrai un transport privé aussi.

Pour connaître en détail la situation actuelle, lire aussi la violence et sécurité en Colombie

 

Le marché économique

L’économie colombienne est stable et résiste aux crises, c’est notamment dû à une grande diversité. Le marché national se suffit à lui-même.

Sauf que la valeur ajoutée est plutôt faible. La Colombie ne produit pas de haute technologie et a une productivité basse. Pour un étranger qui veut lancer un business, ça devient compliqué. Produire en Colombie pour exporter en Europe est difficile car d’autres pays commercialisent déjà à un prix généralement inférieur. Pareil pour les produits de l’agriculture, si l’on en voit peu en Europe c’est que les pays africains, asiatiques, le Brésil ou le Costa Rica vendent moins cher.

Cela laisse donc les États-Unis, l’Amérique Latine et justement le marché intérieur colombien comme seuls débouchés, ce qui n’est pas forcément un avantage pour un Européen qui devra s’adapter complétement à un marché qu’il ne maitrise pas en s’installant.

Lire : Conseils pour démarrer un business en Colombie

 

Le marché de l’emploi

À moins d’être spécialisé et trouver un emploi dans une grande boîte, le marché de l’emploi n’est pas intéressant. Les salaires ne sont pas élevé et les semaines de 48 heures. Dans ce cas-là il vaut bien mieux être son propre patron. Il faut impérativement arriver avec un capital et monter sa propre affaire.

Les seules exceptions sont l’éducation et le tourisme comme débouchés, intéressants mais pas pour tout le monde.

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Le manque d’éducation

Les études supérieures ne sont pas accessibles au plus grand nombre. L’Histoire par exemple va enfin, seulement maintenant, être de nouveau enseignée après 23 ans d’absence. La désinformation, les rumeurs et les clichés se propagent malheureusement très facilement. La valorisation du patrimoine autant naturel qu’historique n’est pas une préoccupation pour la majorité.

 

 

Le développement urbain

Il existe rarement une cohérence et coordination pour le développement ou réaménagement de l’espace publique. Je vis dans le quartier historique de Cali et la moitié du temps je ne marche pas sur les trottoirs, simplement parce que la configuration change devant chaque maison et c’est plus simple de marcher sur la route. Moi-même j’ai dû aménager le trottoir (à mon style) devant chez moi parce que la municipalité ne s’en occupe pas. Les trottoirs servent de toute façon comme place de stationnement pour voitures, motos, stands de nourritures et produits en tous genre.

 

Le transport ne suit pas le rythme de la construction immobilière. Des complexes d’habitations (condominios) sortent de terre provoquant des encombrements de circulation car les voies de circulations ne sont pas adaptées. Bogotá est la 5^ème ville la plus embouteillée au monde, et au niveau des pays, la Colombie arrive en 3^ème position.

Bogotá parle depuis 50 ans de construire un métro et Cali ne semble pas se préoccuper de sa situation. Medellín a pourtant montré la voie en termes de système massive de transport publique.

Le système d’estratos pour classer les quartiers par barèmes de 1 à 6 permet de subventionner la population défavorisée mais a aussi la fâcheuse conséquence de créer des couches sociales visibles.

 

L’individualisme

Je citais la solidarité parmi les raisons de choisir la Colombie et voilà que je cite exactement le contraire. En fait, la solidarité est réelle avec quiconque les colombiens connaissent personnellement. Sinon, la notion de « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres » ne s’applique pas. Peu importe de jeter ses déchets n’importe où, faire du bruit à n’importe quelle heure, se garer en double file, ne pas se présenter à une réunion.

Sacrifier un peu de son confort pour la communauté est plutôt vu comme une faiblesse.

Lire aussi : Peut-on faire confiance aux colombiens?

 

La corruption

Ce point ne pouvait pas manquer à la liste. Des centaines de millions de dollars disparaissent chaque année. Des contrats sont attribués à des entreprises sans aucun contrôle des dépenses ou de qualité. Cet argent pourrait réduire les inégalités et augmenter le taux d’éducation.

Il y a quand même un espoir, alors que la paix était le thème central des élections présidentielles de 2014, celui de 2018 est justement la corruption.

Lire aussi : Le futur de la Colombie

 

La privatisation

Tous les pays du monde privatisent certains secteurs dans l’espoir de les rendre plus compétitifs ou au moins rentable. La Colombie a tendance à tout privatiser, avec parfois quelques acteurs très puissants qui peuvent ainsi fixer les règles à leur convenance. Les péages et les radars sont privés en échange de basses redevances. Les principaux camionneurs empêchent la construction du rail. La sécurité médicale est prise en charge par des assurances privées qui possèdent leurs propres cliniques. Les universités sont en très grande partie privées, il y a des universités publiques mais les places sont limitées.

Au final, même en payant des impôts, on se retrouve à devoir payer soi-même pour tous les services.

 

Le manque de confiance et d’engagement professionnel

La parole ne vaut pas grand-chose. Les raisons peuvent être la gêne de refuser une invitation, la crainte de décevoir, le manque d’envie de se justifier ou que l’argent manque. Bien souvent cela vient surtout d’un manque flagrant d’organisation ou de respect pour les temps des autres personnes.

Au niveau professionnel aussi, lors d’une réunion par exemple. Ils préféreront faire attendre l’autre personne ou lui dire sur place de revenir à un autre moment au lieu d’aviser en avance. Pareil avec les délais de livraison ou accomplissement du travail, les retards sont très fréquents. La confiance est pourtant un point essentiel pour un bon développement économique.

Les difficultés financières auxquels font face les indépendants ou petites entreprises les poussent parfois à privilégier un mauvais service pour faire des économies. Ils pourront aussi stopper un chantier pour attendre une entrée d’argent qui les permettra de continuer. Ceci au détriment des clients ou de leur réputation.

En couple, le manque de confiance se fait rapidement sentir aussi. C’est toutefois compréhensible vu comme l’infidélité est très courante mais cela peut être épuisant au quotidien.

 

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Prendre des pincettes

La franchise est vue comme impolie. Il est préférable d’inventer des excuses plutôt que donner une claire réponse négative.

Même au niveau professionnel, un client potentiel demandera plutôt de recevoir une offre auquel il ne donnera jamais suite sachant dès le départ qu’il n’est pas intéressé.

Lire : La communication commerciale avec les colombiens

 

Voilà, vous vous attendiez peut-être à ce que je parle de cuisine ou de la difficulté de trouver du bon café mais non. On trouve facilement des alternatives.

Celles-ci, en revanche, sont plus difficiles à maitriser. L’important est de les connaitre en avance et de vous connaitre aussi. Chaque lieu, chaque ville, chaque pays à ses points positifs et négatifs, il faut juste savoir de quel côté penche la balance.

Lire aussi : Les petits plaisirs du quotidien

Edit Avril 2022: La pandémie de 2021 a été très difficile. Beaucoup de commerces ont fermé leurs portes, beaucoup d’expatriés Européens sont repartis déçus. Aujourd’hui, la Colombie ne séduit plus. Allez lire cet article qui explique la situation actuelle en 2022. Une rupture s’est produite et pourtant, je pense que le pays va dans la bonne direction et a beaucoup à offrir.